mercredi 24 septembre 2008

L'ULM avant le permis... ou après la retraite


Actualités Lannion-Perros OUEST FRANCE
Mardi 23 septembre 2008
Erwan et Victor... Le plus jeune a déjà son brevet et peut emmener des passagers. Le retraité suit ses leçons de pilotage et donne des cours théoriques en attendant d'obtenir,lui aussi, son sésame pour transporter ses petits-enfants. formation complémentaire pour emmener des passagers ; ce qu'il fait pour l'aéro-club de Lannion. Le droit de voler avant le permis de conduire !

« On sent l'air »

N'empêche, Victor aussi se serait bien vu pilote. Un problème aux yeux en a décidé autrement « donc ça n'a pas été possible », confie-t-il dans un accent très outre-Manche. Il sera donc prof d'anglais à Dinan. « D'ailleurs mon nom s'écrit avec deux oeufs et un thé (deux E et un T) comme un p'tit déjeuner anglais ! »
La première fois que Victor a pointé le bout de son nez à l'aéro-club, il a pourtant bien failli faire demi-tour en voyant les ULM. « Ils ne m'inspiraient pas confiance.» Ce dernier a rappliqué bien vite, sitôt là-haut. « La visibilité est beaucoup mieux qu'en avion et c'est super car on sent l'air. J'adore piloter, sentir la machine, cette liberté qu'on n'a pas sur le sol. »
Erwan, lui, en pince surtout pour les paysages et les vues imprenables.
« J'aime bien rencontrer les gens qui viennent pour des baptêmes de l'air aussi, que ce soit des enfants ou des grands-parents. »

A deux doigts

Paradoxe : comme Erwan n'a que 19 ans, certains trouillards à baptiser se méfient. Alors que Victor, lui, n'a pas encore le droit de les embarquer. Sa partie, ce sont les cours théoriques à terre. « Je suis à deux doigts d'avoir mon brevet, mais les doigts sont longs », rigole le papy. Il lui reste quelques angles à arrondir, notamment « celui de l'atterrissage. On doit faire un arrondi pour s'aplatir juste avant le sol et que l'ULM ralentisse tout seul. » Il joint le geste à la parole.
« C'est une question de délicatesse. »
« Je pense que plus on est jeune, plus on apprend facilement », rassure Erwan. « Peut-être parce que vous les jeunes vous êtes plus instinctifs, renchérit Victor. Enfin, quand même pour l'ULM, y'a pas d'âge, du moment qu'on est assez souple pour monter dedans ! »
Tout petits déjà, leurs yeux se levaient bien haut. Ceux d'Erwan parce qu'il habitait près du circuit de piste de Lannion. Victor parce qu'il était fasciné par les avions de la Deuxième Guerre et les planeurs transportant les blessés. « Ça doit venir de là », rigolent les deux hommes. Que peut-on leur souhaiter maintenant pour prendre encore de l'altitude dans leurs rêves de gosses ? « Que je sois instructeur... » glisse Erwan. « Et moi, que j'ai mon brevet et la mention passager pour emmener mes petits-enfants qui n'attendent que ça ! »
Manque plus qu'un petit coucher de soleil sur la côte de Granit rose pour faire la cerise sur l'hélice.

Sylvie RIBOT.
Ouest-France